Le Loup et la Cigogne
Les Loups mangent gloutonnement.
Un Loup donc étant de frairie,
Se pressa, dit-on, tellement,
Qu’il en pensa perdre la vie.
Un os lui demeura bien avant au gosier.
Les Loups mangent gloutonnement.
Un Loup donc étant de frairie,
Se pressa, dit-on, tellement,
Qu’il en pensa perdre la vie.
Un os lui demeura bien avant au gosier.
Un Loup rempli d’humanité
(S’il en est de tels dans le monde)
Fit un jour sur sa cruauté,
Quoiqu’il ne l’exerçât que par nécessité,
Une réflexion profonde.
« Je suis haï, dit-il ; et de qui ? de chacun.
Un Lion décrépit, goutteux, n’en pouvant plus,
Voulait que l’on trouvât remède à la vieillesse :
Alléguer l’impossible aux Rois, c’est un abus.
Un Renard, jeune encore, quoique des plus madrés,
Vit le premier cheval qu’il eût vu de sa vie.
Il dit à certain Loup, franc novice : « Accourez,
Un animal paît dans nos prés,
Beau, grand ; j’en ai la vue encore toute ravie.
– Est-il plus fort que nous ? dit le Loup en riant :
Fais-moi son portrait, je te prie.
Autrefois Carpillon fretin
Eut beau prêcher, il eut beau dire,
On le mit dans la poêle à frire.
Je fis voir que lâcher ce qu’on a dans la main,
Ce Loup me remet en mémoire
Un de ses compagnons qui fut encore mieux pris :
Il y périt. Voici l’histoire :
Un villageois avait à l’écart son logis.
Messire Loup attendait chape-chute à la porte ;
Un Loup disait que l'on l'avait volé :
Un Renard, son voisin, d'assez mauvaise vie,
Pour ce prétendu vol par lui fut appelé.
Devant le Singe il fut plaidé,
Non point par Avocats, mais par chaque Partie.
Fureur d’accumuler, monstre de qui les yeux
Regardent comme un point tous les bienfaits des Dieux,
Te combattrai-je en vain sans cesse en cet ouvrage ?
Quel temps demandes-tu pour suivre mes leçons ?
L’homme, sourd à ma voix comme à celle du sage,
Ne dira-t-il jamais : « C’est assez, jouissons » ?
D’où vient que personne en la vie
N’est satisfait de son état ?
Tel voudrait bien être soldat
La Bique, allant remplir sa traînante mamelle,
Et paître l’herbe nouvelle,
Ferma sa porte au loquet,
Non sans dire à son Biquet :
Votre goût a servi de règle à mon ouvrage.
J’ai tenté les moyens d’acquérir son suffrage.
J’ai lu chez un conteur de Fables,
Qu’un second Rodilard, l’Alexandre des Chats,
L’Attila, l
Sévigné, de qui les attraits
Servent aux grâces de modèle,
Et qui naquîtes toute belle,
À votr